“Celles de 14”

L’exposition Celles de 14 a été réalisée en écho à la panthéonisation de l’écrivain combattant Maurice Genevois, auteur de Ceux de 14, ouvrage historique et littéraire figurant au premier rang des témoignages publiés sur la Première Guerre mondiale.

L’exposition présente une galerie d’une cinquantaine de femmes de diverses nationalités, issues de tous horizons. Des femmes engagées, qui se sont illustrées durant la Première Guerre mondiale, dans des domaines aussi variés que la politique, le médical, les sciences, les arts, la littérature, ou dans de simples faits divers. L’exposition retrace leurs vies singulières au travers de documents audiovisuels, de photos d’archives, de tableaux grands formats et autres objets d’époque contextualisés. Exposition itinérante – Visites commentées pour groupes scolaires. Cliquez pour voir l’exposition.

Si l’Histoire a retenu les noms de Marie Curie, Colette, Sarah Bernhardt, Rosa Luxemburg, Mary Pickford, Edith Cavel, Louise de Bettignies ou Gabrielle Petit, combien d’autres femmes remarquables sont tombées dans l’oubli ? Puissent-elles revivre le temps d’une exposition.

Qui se souvient d’Elles ?

Nicole Girard-Mangin

Professeure libre à la Sorbonne avant-guerre, elle gagne en notoriété grâce à ses travaux sur la prophylaxie antituberculeuse, et devient une référence en matière de tuberculose. Elle est à l’origine de la Ligue contre le cancer.
Seule femme médecin-major affectée par erreur au front durant la Première Guerre mondiale (l’administration croit avoir requis les services du Dr Gérard Mangin), elle sert en uniforme d’officier féminin britannique, l’armée française ne disposant pas d’uniforme de femme médecin…
Promue médecin-capitaine en 1917, on lui propose la direction de l’hôpital-école Edith-Cavell où l’on forme les infirmières militaires. L’Armistice venu, l’Armée s’abstient d’honorer une femme « qui n’avait rien à faire dans ses rangs… ». Elle met fin à ses jours le 6 juin 1919. Seul un timbre postal la sort de l’oubli en 2015.

Nellie Spindler

La jeune infirmière anglaise triche sur son âge pour pouvoir intégrer la prestigieuse Queen Alexandra’s Imperial Nursing Service Reserve (Réserve du service infirmier de l’armée britannique). Elle sert dans un poste médical avancé à Ypres, en Belgique, lorsqu’elle est mortellement touchée à la poitrine par un éclat d’obus, elle meurt à 26 ans.
Elle repose, loin de son Yorkshire natal, au cimetière militaire de Lyssenhoeck en Belgique, seule femme parmi quelque 10 800 soldats.

Louise Bodin

Femme d’un professeur de médecine, cette riche bourgeoise va présider la branche rennaise de l’Union française pour le suffrage des femmes, avant de fonder en 1917 la Voix des Femmes, revue hebdomadaire politique, sociale, scientifique et artistique, interdite dans l’armée et souvent censurée.
Elle s’investit sans compter dans l’action sociale menant des campagnes d’information sur la syphilis, en faveur de l’adoption des orphelins de guerre, contre les lois criminalisant l’avortement. Elle adhère à la III e Internationale communiste en 1920, avant d’être élue au comité directeur du P.C.F. Quand on la croise le soir en compagnie d’ouvriers qui la raccompagnent à son domicile du centre – ville chic de Rennes, on la surnomme la Bolchévique aux bijoux
À son décès en 1929, l’Ouest-Éclair ne consacre pas une seule ligne à la journaliste féministe et militante pacifiste. Aucune rue, pas même une impasse ou un square de Rennes ne porte le nom de cette « dame de coeur » oubliée.

Emmeline et Christabel Pankhurst

Emmeline Pankhurst fonde avec ses filles Christabel et Sylvia, le Women’s Social and Political Union (l’Union sociale et politique des femmes) avec pour slogan : des actions pas des mots !. Celles que l’on surnomme les suffragettes ne croient plus en la propagande pacifique, elles optent pour un activisme radical allant jusqu’à l’emploi d’explosifs. Emprisonnées, elles entament des grèves de la faim auxquelles le gouvernement répond par le gavage forcé.
Leur militantisme pour l’accession au suffrage s’arrête en 1914 avec la mobilisation. Le Premier ministre David Lloyd George demande alors à Emmeline Pankhurst d’organiser une démonstration en faveur de l’emploi des femmes dans les usines d’armement. L’Armistice venu, elle est considérée comme une alliée du gouvernement, et non plus uniquement comme la leader des suffragettes.
Et en 1918, les femmes de plus de 30 ans obtiennent le droit de vote en Angleterre.

Marie Marvingt

Qui se souvient d’Angèle Lecat, fusillée à 29 ans
pour détention d’un pigeon voyageur ?
De la pionnière de la chirurgie réparatrice Suzanne Noël ?
De la richissime humanitaire Américaine Anne Morgan ?
De la sculptrice pour gueules cassées Anna Coleman ?
De la pionnière de l’aviation sanitaire Marie Marvingt ?
De la duchesse humaniste Anne de Rochechouart ?
De l’infirmière infiltrée Marthe Cnockaert ?
De l’écrivaine féministe Marcelle Tynaire ?
De la comédienne Béatrix Dussane ?
De l’institutrice Blanche Maupas ?

Et bien d’autres…

Les anonymes

Louise Chartier prend la tête de l’exploitation familiale au mois d’août 1914 comme 850 000 autres paysannes. Si les citadines partagent l’enthousiasme des hommes mobilisés, les gardiennes du territoire prennent vite conscience des problèmes engendrés par le départ du mari. Ce sont 300 000 épouses d’ouvriers agricoles qui se retrouvent privées du salaire patriarcal.
Il faut nourrir les bêtes, traire les vaches, couper du bois pour la cuisson des aliments et le chauffage, labourer trois fois l’an, épandre, semer à la main, récolter blés et fourrages à la faux ou à la faucille. Et veiller à l’éducation des enfants.

Les munitionnettes – « J’ai vu ma compagne au contrôle des obus toute frêle, toute jeune, dans son grand tablier noir, poursuivre sa besogne. Chaque pièce pèse 7 kg. En temps de production normale, 2 500 obus passent en onze heures entre ses mains. Comme elle doit soulever deux fois chaque engin, elle soupèse en un jour 35 000 kg. Je la regarde avec stupeur et ces mots résonnent dans ma tête : 35 000 kg ! »

Témoignage de Marcelle Capy

Les midinettes – En mai 1917 les couturières de la maison Jenny, sur les Champs-Élysées, apprennent qu’elles ne travailleront plus le samedi après-midi en raison du manque de commandes, et que leur salaire sera amputé d’une demi-journée. Elles se mettent en grève et leur mouvement fait vite tache d’huile. Plus de 10 000 ouvrières se massent à la Bourse du travail. Celles que l’on appelle les midinettes (n’étant pas fortunées, elles se contentent le midi d’un repas rapide, d’une dînette…) vont servir d’aiguillon aux femmes d’autres professions.
Au plus fort du mouvement, on compte 55 000 grévistes parmi lesquelles des employées de banque, des vendeuses de Félix Potin, des dactylos… La fronde des femmes s’étend dans plusieurs villes de France et touche une soixantaine de secteurs d’activités, dont l’armement. La contagion gagne l’entreprise Renault qui produit obus et camions. Et lorsque les munitionnettes se mettent en grève, le gouvernement s’empresse d’éteindre le feu. Après 14 jours de grève, les revendications sont en partie satisfaites : 0,75 F (au lieu du franc réclamé), et la semaine anglaise accordée par la loi du 11 juin 1917.

Le Parisien – Ch. de Saint-Sauveur

Céline Rambach, à l’instar des 72 000 femmes bénévoles, a spontanément proposé ses services à la Croix-Rouge française en août 1914. Au regard des besoins immenses, les infirmières professionnelles étaient peu nombreuses, et les bénévoles furent bienvenues. Ces femmes de tous âges, de tous rangs sociaux, de toutes confessions, confrontées à de nouvelles blessures causées par des armes jusqu’ici inconnues (les lance-flammes, les gaz…) ont vaillamment rempli leur mission.
On a pu mesurer le bénéfice considérable que les blessés tirèrent de la présence de celles qu’on appela les anges blancs, véritables icônes de la Première Guerre mondiale.

Galerie expo

Ci-dessus, le premier des 48 panneaux de l’exposition (format 50 x 70 cm). Vous trouverez en cliquant ci-dessous sur “Galerie expo” les différents thèmes abordés dans l’exposition : le travail des femmes en campagne et en ville, le service de santé et les humanitaires, les résistantes, les engagées sociales, les comédiennes et chanteuses du Théâtre des Armées, et pour conclure, la condition féminine dans l’immédiat d’après-guerre.

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